mercredi 19 juillet 2006

Souvenirs de voyage (2)


Je n’avais pas douze ans, je passais mes vacances en Italie avec mon père et sa copine. A Riccione, comme toujours.
Une jour en rentrant de la plage, un jeune type en mobylette s’arrête près de nous et nous propose, dans un français très approximatif, d’acheter une caméra, tout en nous montrant une boîte en carton étiquettée JVC dans tous les sens.

Mon père dont la seconde nature est de marchander n’en demandait pas tant pour mettre un peu de piment dans sa journée… ça le changerait des traditionnelles fausses montres Cartiers et t-shirt arborant un crocodile à la mine un peu fade.
Il demande alors au jeune vendeur de lui montrer la caméra, celui-ci refuse prétextant le risque de voir débarquer des ‘carabinieri’. Il nous emmène un peu plus à l’abri des regards. Après plusieurs minutes de négociation, le type finit par déchirer les papiers collants qui scellaient la boîte, tout en guettant l’arrivée éventuelle de la police.
Il nous montre rapidement un feuillet qui semblait être le mode d’emploi, en insistant sur le fait que la boîte est complète et que la caméra n’a jamais été utilisée. L’ouverture faite dans la boîte en carton laisse entrevoir le papier bulle qui renfermait le fameux trésor. Finalement, l’italien sort furtivement la caméra (toujours emballée dans son papier bulle). Pas de doute, c’est bel et bien une caméra JVC.
Incroyable, les prix de vente a fait une chute vertigineuse en quelques minutes : initialement, il demandait plus de 400 Eur, il en est à une centaine.
Quelques minutes de marchandage de plus, et mon père repart avec la caméra jusqu’à l’hôtel. Il est fier de sa négociation tout en étant un peu honteux d’avoir probablement acquis le fruit d’un vol.
Arrivé dans la chambre d’hôtel, il pose délicatement la boîte sur le lit, sort la caméra de la boîte, arrache le papier bulle et s’écrie : Non di dju (‘nom de dieu’ en wallon) c’est du bois !

Il s’agissait en effet d’un assemblage de morceaux de bois sur lequel avait été collée une feuille de papier imprimée pour simuler les boutons et accessoires. Le manuel d’utilisation était constitué de feuilles blanches, seules la couverture et le dos étaient une copie du vrai manuel d’utilisation !

Et oui, un italien, ça vous vendrait n’importe quoi ;-)

JP

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