Souvenirs, souvenirs

Je n’avais pas douze ans, j’accompagnais chaque samedi, dès l’aube, mon père à Bruxelles. Chaque semaine le même parcours dans le quartier du Sablon : déambuler sur le marché des antiquaires (place du Sablon) tout en dégustant un pain au chocolat de chez Wittamer, prendre un jus d’oranges pressées à « L’entrée des artiste » ou « Chez Richard », faire un détour par la boutique du gros Louis, aller voir si ‘Lapipe’ n’avait rien rentré, passer dire bonjour à Bruno, s’arrêter quelques instants devant une vitrine ou l’autre…

J’adorais voir mon père saisir une ‘perle rare’ au milieu d’un fourbi de tableaux noircis par le temps, s’extasier devant un ‘Saint Lambert’ aux couleurs étincelantes, ou apostropher un marchand en lui demandant « rien rentré de neuf cette semaine ? ».

Ce matin, j’ai eu l’occasion de l’accompagner à nouveau. Même si les lieux se sont forts embourgeoisés (Armani et Marcolini ont eu raison de quelques antiquaires), ils me rappellent toujours ces samedi matins : les odeurs caractéristiques, mélange de poussières et de vieux vernis, n’ont pas changé, la boutique du gros Louis non plus ; et l’accent de Bruno est toujours aussi typique… « comment tu vas fieu ? ».

JP