La semaine bulgare
Je courais dans tous les sens… J’allais passer devant un jury pour obtenir une bourse de financement pour ma thèse et tout ce que mon chef pensait à m’offrir, c’était elle. Une bulgare qui s’exprimait péniblement en anglais. Je pense que je ne lui ai même pas parlé au début… trop de stress à ce moment pour m’occuper de tout ça.
Puis il y a eu le concours, les bonnes nouvelles et le stress qui est redescendu. C’est là que j’ai vraiment pris conscience qu’il y avait quelqu’un sur le bureau d’à côté, une fille de l’Est et nous allions bosser ensemble sur le même projet. Elle s’appelait Tanya.
Moi, un peu paumé dans ce sujet de recherche, un peu crâneur aussi, d’y être enfin… Elle, complètement perdue… là-bas, c’était un autre monde, elle avait fait une thèse avec du matériel qui chez nous n’aurait même pas eu sa place dans l’arrière salle d’un antiquaire.
Au début, on se ne comprenait pas trop. Elle avait appris à faire attention au moindre gramme de produit gaspillé, elle était prête à perdre des journées entières pour préparer des produits plutôt que de les acheter. Moi, j’avais eu un budget pour acheter des kilos de produits, je surconsommais, je voulais que ça avance vite.
Elle m’a appris à faire plus attention aux choses, à prendre conscience de leur valeur. Je lui ai appris à programmer un four :-)
Petit à petit une réelle amitié est née.
J’adorais quand elle avait sa famille au téléphone. Je la revois, debout devant la grande baie vitrée du bureau, regardant dehors et me tournant le dos. Cette langue me donnait l’impression d’être dans un James Bond ou de travailler pour les services secrets.
Au bout de deux années passées ensemble, c’est un énorme vide que j’ai ressenti quand elle est repartie pour Sofia.
J’ai eu l’occasion de la recroiser quelques fois dans des conférences, et puis par mail.
Récemment, je reçois une note me demandant d’effectuer des réservations pour une chercheuse bulgare… Très vite, j’apprends que Tanya revient faire un tour dans notre plat pays. Cette semaine est donc la semaine « Tanya »…
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